Bonjour Caroline Roger, avec votre frère Christophe Roger, vous êtes éleveurs à Québriac. Pouvez-vous nous parler de l’histoire de la Ferme du Rocher ?
La ferme du Rocher, pour nous, c’est une affaire de famille. Nos parents étaient éleveurs de vaches laitières et de veaux de boucherie. Initialement, Christophe et moi n’étions pas destinés à reprendre l’activité familiale et avons d’abord vécu d’autres vies, lui de charpentier et moi de comptable, chauffeuse, commerciale et d’autres encore. En 2012, Christophe s’est installé à la ferme, où je passais moi-même une grande partie de mon temps. Très complice avec lui et souhaitant me rapprocher du paysannat, c’est naturellement que j’ai repris la seconde moitié des terres en 2015, au départ à la retraite de ma mère, rejoignant ainsi Christophe à la Ferme du Rocher.
Quelle activité porte aujourd’hui cet élevage familial ?
Aujourd’hui notre activité principale est l’élevage de brebis vendéennes, une race bouchère choisie pour son naturel très calme qui s’accorde parfaitement avec notre caractère. Nous avons monté ce projet ensemble avec Christophe en accueillant les 50 premières agnelles en 2011 et en élargissant progressivement le troupeau pour atteindre aujourd’hui 650 brebis.
Elles sont élevées en plein air et rentrées à la bergerie pour l’agnelage. Elles sont nourries à l’herbe et au foin, le tout sans OGM ! Il faut savoir que les brebis ne sont en capacité d’agneler qu’une partie de l’année. C’est pourquoi, nous pratiquons le désaisonnement lumineux, qui consiste à placer les brebis à la lumière et qui leur permet de mettre bas hors saison. De cette façon, nous pouvons répondre à la demande en agneaux toute l’année sans utiliser d’hormones.
Notre ambition pour l’avenir, c’est de passer toute la ferme en bio ! Ce qu’il nous manque aujourd’hui c’est la matière azotée donnée aux agneaux. Nous conduisons donc des essais de mélanges céréaliers afin de produire leurs aliments en Bio directement sur la ferme. Nous-même consommateurs de bio, nos animaux sont élevés dans cette démarche et nous travaillons avec AgroBio 35 pour nous rapprocher du label.
Vous avez donc des cultures pour produire des aliments fermiers. En dehors de l’élevage de brebis et d’agneaux, quelles sont vos autres productions ?
En effet, nous avons d’autres activités à la Ferme du Rocher. Depuis 2 ans, nous élevons une quinzaine de vaches Aubrac et depuis 1 an une dizaine de porcs de Bayeux. Nous avons sélectionné ces races avec attention, pour leur qualité bouchère. Elles sont adaptées à l’élevage en plein air et sur de longues périodes (une année plutôt que quelques mois). Le résultat : la qualité gustative d’une viande d’Aubrac d’élevage à l’herbe et d’une viande de porc tendre (même le gras !) de race ancienne.
Le local étant essentiel pour nous, nous mettons un point d’honneur à l’autosuffisance de notre ferme. Nous avons donc plusieurs cultures et hormis la matière azotée des agneaux sur laquelle nous travaillons encore, tout est produit chez nous : l’orge des brebis, l’enrubannage et le foin d’hiver pour les vaches, les mélanges céréaliers des porcs…
Actuellement, la demande en porc est plus élevée que notre production. Cependant, il est important pour nous de pouvoir nourrir tous nos animaux nous-mêmes ; c’est pourquoi nous ne tenons pas à élargir l’élevage porcin à ce jour. Ce sont ces principes qui guident la conduite de notre élevage !
Quels sont les produits commercialisés et comment se passe la transformation ?
Nous proposons une variété de produits bouchers : chipolatas, merguez, terrines, rillettes et steaks hachés 100% mouton, mais aussi des colis d’agneaux, boeufs, veaux rosés sous la mère, et porcs.
Pour les agneaux, je récupère les carcasses à l’abattoir, les découpe et les mets sous vide dans notre laboratoire à la ferme. Je m’occupe moi-même de la production des chipolatas, merguez et steaks de moutons. Le conditionnement des terrines et rillettes nécessitant un autoclave, elles sont quant à elles réalisées en conserverie. Enfin, boeufs, veaux et porcs sont découpés par un boucher de campagne chez nous et je m’occupe de la mise sous vide.
Notre produit phare a longtemps été nos merguez mais, depuis 1 an et demi, la vente de nos steaks 100% mouton fait un carton plein ! C’est une viande hyper tendre quelle que soit la cuisson et appréciée pour son goût (pas aussi fort qu’on ne le pense).
Où pouvons-nous retrouver tous ces bons produits ?
À la Ferme du rocher, 100% de nos produits sont vendus en circuits courts. Vous pouvez retrouver tous nos produits (mais pas que) en vente directe chez nous, les vendredis de 17h30 à 19h. Depuis 1 ou 2 ans nous travaillons aussi avec les copains paysans du coin afin d’offrir un plus large choix de produits à notre clientèle venant à la ferme. Vous pourrez ainsi faire vos courses en produits bouchers mais aussi en volailles, légumes, confitures, miels, cidres, tisanes, fromages de vache, de chèvre, pains, pâtes, farines etc. Nous proposons ces produits à des prix raisonnables, les mêmes que chez leurs producteurs, de façon à permettre à chacun d’acheter local sans se ruiner. C’est avant tout de nos produits que nous vivons, grâce aux circuits courts !
D’ailleurs ces circuits courts, c’est aussi la vente de nos agneaux au détail dans des magasins de producteurs locaux : Les Fermiers du Coin à St Jacques, Le Relais Fermier à la Mézière, La ferme des Aubriais à Taden et la boucherie Les Côtes Fermières du Coin à Meillac. Si vous habitez Rennes, vous pourrez même vous rendre au food truck Camion La Gamelle afin de déguster des hamburgers aux steaks hachés 100% mouton, signés La Ferme du Rocher !
Le local, le circuit court, la transition vers le Bio sont ainsi des essentiels à la Ferme du Rocher. Pour nous c’est un modèle qui soutient un élevage paysan et rémunérateur. Pour les clients, c’est pouvoir accéder à des produits locaux tout en revenant aux sources et en voyant les animaux lorsqu’ils passent à la ferme. Ils savent que les animaux sont nés chez nous, élevés chez nous, et vendus par nous !